Bonjour
J'ouvre le débat avec un sujet un peu chaud! J’aimerais parler des devoirs! Je pense qu’il est primordial de se pencher sur cette question, car nous voyons de plus en plus les deux extrêmes : le «pas de devoir» et le «trop de devoirs».
Comme mentionné par Bissonnette, il y a trois phases dans le processus d'apprentissage (Bissonnette 2005). Il y a la phase d’acquisition. Pour nos élèves, celle-ci se produit, en grande partie, en classe. Notre tâche consiste donc à les placer dans des situations propices à cette acquisition ou à structurer les acquisitions antérieures. Dans ce dernier cas, l’acquisition n’est pas une notion en tant que telle, mais une méthodologie de travail ou d’analyse.
La deuxième phase est la phase de rétention. Cette phase est, à mon avis, la plus importante. C’est durant cette phase que les acquis sont transférés dans la mémoire à long terme. Cette phase nécessite une conscientisation. «Lorsque l’élève sera questionné sur ce qu’il a appris à l’école, il lui sera extrêmement difficile de nommer explicitement le fruit de ses apprentissages, s’il ne les pas conscientisés. Dans une telle situation, il aura tendance à décrire uniquement ce qu’il n’a fait et aimé, ou pas apprécié. L’élève à qui on ne donne pas la possibilité de prendre conscience de ce qu’il apprend conserve l’impression de n’avoir rien appris. C’est ce qui explique que plusieurs élèves finissent par dire qu’ils n’apprennent rien à l’école.» (Bissonnette 2005). Et qu’ils finissent par décrocher. C’est là qu’intervient le processus du «devoir» à faire. Il doit permettre à l’élève de prendre conscience de ce qu’il a appris dans la journée. Les devoirs peuvent prendre toutes sortes de formes y compris le jeu. Ils ne doivent pas impliquer (et ce, toujours à mon avis) de trop grandes charges cognitives. Les discutions sur les acquis de la journée permettent aussi aux parents d’apprendre les goûts et les aptitudes de leurs jeunes.
Finalement la dernière phase est celle du transfert. Une fois la phase de rétention effectuée la veille en «devoir», on peut faire un retour en classe. On se sert de cette phase en classe pour évaluer «informellement» la capacité de transfert de l’élève en posant des questions bien ciblées tout en permettant à ceux qui ont moins bien compris de poser leurs questions. Ceci permet à tous d’approfondir les notions.
Maintenant, je sens la question qui vous brule les lèvres! Quel est le lien entre «donner des devoirs» et l’éthique? Sans vouloir faire une polémique, je trouve que d’éliminer les devoirs complètement sous prétexte que c’est une surcharge de travail pour le suivi et la correction, ou parce que les parents sont débordés, ou parce que les jeunes ont autre chose à faire est un manque de professionnalisme et d’éthique, car on enlève la possibilité à l’élève de maximiser ses apprentissages en lui offrant la possibilité de faire les phases de rétention et de transfert. De même, à l’opposé, donner trop de devoirs est aussi un manque d’éthique, car on épuise l’élève par une surcharge en ne lui laissant pas la possibilité de prendre un temps de recul (et de repos).
En conclusion, je vous invite à lire le PDF en référence. Je l’ai trouvé particulièrement intéressant.
Normand
PS: Suite à la lecture par un collègue, voici le lien vers le reportage qui à donner lieu à ce texte.
Visionnez le reportage de Radio-Canada: «
Les devoirs au primaire sont-ils nécessaires?
».
Bibliographie
(Bissonnette 2005). « Les trois phases du processus d’apprentissage ». Tiré du livre la pédagogie — Théories et pratiques de l’Antiquité à nos jours (Gaëtan Morin éditeur, Chenelière Éducation, 2e édition, 2005) : chapitre 15, « Le cognitivisme et ses implications pédagogiques », p 317 à 329.
Accès par le site web :
www.formapex.com/sciences-cognitives/54-...essus-dapprentissage